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Musée national des Beaux-Arts d’Alger

Le musée national des Beaux-Arts d’Alger, est l’un des plus grands musées d’art d’Afrique. Ouvert au public depuis le 5 mai 1930, il est situé dans le quartier du Hamma, du côté du jardin d’essai du Hamma.

Le musée avec ses 8 000 œuvres, sa collection regroupe des œuvres peintes, des dessins, gravures et estampes anciennes, des sculptures, de mobilier ancien et d’art décoratif, céramique, verrerie, ainsi qu’une collection de numismatique. Parmi les œuvres exposées, figurent des peintures de maîtres hollandais et français comme Brugghen, Van Uyttenbroeck, Van Goyen, Monet, Matisse, Delacroix, Renoir, Gauguin et Pissarro. Mais aussi les artistes algériens emblématiques, comme Baya, Yellès et Racim. Le musée abrite des sculptures de Rodin, de Bourdelle et de Belmondo

Histoire du musée

Les débuts
Le musée des Beaux-Arts d’Alger est né de la volonté des politiques à la fin du xixe siècle, à l’époque de l’Algérie française. À l’origine c’est dans les locaux délabrés de la Société des beaux-arts fondée par Hippolyte Lazerges en 1875 que la municipalité d’Alger conservait ses œuvres d’art. Ce n’est qu’en 1897 qu’elle se dote d’un vrai musée, consacré aux collections antiques et musulmanes, même si celui-ci est aménagé dans les bâtiments d’une école normale. En 1908, un ancien casernement de l’armée situé à l’emplacement actuel de l’Hôtel Safir est consacré à l’art. Il a été inauguré le 30 mai 1908 et cette création était réclamée depuis longtemps car la salle des Beaux-Arts qui servait de musée était très mal disposée et ne pouvait suffire à contenir les œuvres acquises par la municipalité1. Ce nouveau musée municipal est dirigé jusqu’en 1910 par Charles de Galland, mais il est vétuste et peu fonctionnel. La qualité du musée n’était pas suffisante, si bien que les voyageurs et l’Algérois dédaignent et ignorent le musée dit « municipal » qui se trouve dans un local défavorable, vétuste, peu accessible, encore plus mal entouré que mal éclairé2. Ainsi, le musée municipal d’Alger ferme ses portes après vingt ans de fonctionnement entre 1908 et 1928. Un musée national des Beaux-Arts reprend son fonds en l’enrichissant de nouvelles acquisitions.

La naissance du musée des Beaux-Arts

Avec l’ouverture de la « villa Abd-el-Tif », un véritable besoin dans ce domaine se fait sentir et le projet est confié à un architecte peu connu, Paul Guion. Le site est choisi, au Hamma, en face du Jardin d’essai et non loin de la villa Abd-el-Tif, sur la colline aux sangliers. Paul Guion opte pour un monumentalisme symétrique et rectiligne dont les éléments architectoniques puisés dans l’art méditerranéen vont trouver écho dans l’admirable mobilier conçu et dessiné par Louis Fernez, professeur à l’École nationale des beaux-arts d’Alger et dont certaines pièces sont commandées à l’ensemblier Francis Jourdain. Commencés en 1928, les travaux étaient rapidement achevés, grâce à des crédits libéralement consentis. Quant à l’architecture du musée, elle a été bien admirée par son emplacement idéal et son style associant « les données passées et actuelles ». Ce style architectural propre symbolise la construction de l’image d’un pays jeune et moderne, mais aussi soucieux de ses traditions. L’immense taille du nouveau musée est digne notre considération : trente-cinq salles de peintures, une galerie de sculptures, une galerie de moulages, une bibliothèque et un cabinet d’estampes. Le bâtiment est divisé en trois étages : au rez-de-chaussée se trouve la salle des moulages, au premier la salle de sculpture moderne et à l’étage supérieur, les galeries de peinture. Le musée des Beaux-Arts d’Alger, inauguré le 5 mai 1930, ne sera ouvert au public qu’en avril 1931. C’était le centenaire de l’Algérie qui promut ce projet du musée national des Beaux-Arts d’Alger. Fêtant ses colonies, célébrant ses victoires de la Grande Guerre, la France de la IIIe République ne peut ignorer le premier centenaire de sa présence en Algérie. Préparée dès 1923 sous l’égide du gouverneur, le général Steeg, une magnifique prélude à l’Exposition de Vincennes est mise au point par une loi de 1928 qui crée un Conseil supérieur et un Commissariat général du Centenaire. Il s’agissait de montrer ce que la France avait réalisé en Algérie depuis son installation, les résultats obtenus, les progrès accomplis. Un budget primitivement établi à 134 millions est ramené à 82 millions et en métropole, toutes les bonnes volontés s’attellent à répandre la bonne parole de l’Algérie française3. Parmi ces activités festives, les projets muséaux étaient promus le plus considérablement ; à côté des grands monuments commémoratifs sont également inaugurés le musée des Beaux-Arts, le musée du Bardo, le Musée forestier et le musée Franchet d’Espérey à Alger (musée historique de l’Armée et Fêtes militaires, installé dans les locaux militaires de la Casbah, non loin des premiers remparts d’Alger)4. À la différence des autres musées inaugurés récemment, les structures et le statut du musée des Beaux-Arts sont révisés avec de nouvelles missions.

Acquisitions et donations

Depuis que ce musée est devenu national, il s’est considérablement enrichi. Les crédits qui lui ont été octroyés à la faveur de la célébration du Centenaire de l’Algérie, ont permis de nombreux et important achats. En envoyant les anciennes collections du Musée municipal à Constantine pour l’inauguration de son musée des Beaux-Arts, les collections pour le nouveau musée national d’Alger ont commencé à être constituées dès 1927; c’est l’historien de l’art Jean Alazard, alors doyen de la faculté de Lettres d’Alger qui fut chargé de cette mission. Sur la proposition d’Alazard, une commission spéciale présidée par Paul Léon et dont les principaux membres étaient Mouillé, sous-directeur des Beaux-Arts, Jean Guiffrey et Paul Jamot, conservateurs du Louvre, Raymond Kœchlin, président du Conseil des musées nationaux, Charles Masson et Robert Rey, conservateurs du Luxembourg a décidé l’achat définitif. Fait unique dans l’histoire du musée, les crédits alloués pour l’Exposition du Centenaire vont permettre l’entrée de 498 œuvres en deux années: acquisitions éclectiques qui font une large place à la sculpture contemporaine et aux grands noms de l’histoire de l’art.

Très vite, le musée des Beaux-Arts connaît un grand rayonnement, accru par des dons et des achats sagaces. On peut voir de quels soins et de quelles compétences tous ces achats furent entourés. Ils consistent en chefs-d’œuvre des grands orientalistes comme Alexandre-Gabriel Decamps, Eugène Delacroix, Eugène Fromentin, Théodore Chassériau et des plus célèbres représentants de l’art moderne : Gustave Courbet, Théodore Rousseau, Camille Pissarro, Edgar Degas, Eugène Boudin, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Armand Guillaumin et des artistes encore plus contemporains tels qu’Albert Marquet, Suzanne Valadon, Maurice Denis ou encore Henri Matisse. Les catalogues du musée du début démontrent l’apogée de l’art français de l’époque et ils reflètent l’objectif de cette institution de diffuser de l’art et de la culture français. Le fait qu’il y existait la section historique constituée de beaux dépôts du musée de Versailles fait la preuve du caractère didactique et patriotique du musée.
Pour cet aménagement de la collection, on ne peut pas négliger les rôles des collectionneurs locaux. Avec les acquisitions nouvelles par l’achat, le musée a aussi reçu de nombreux dons. On relève parmi les donateurs d’anciens mécènes comme Marius de Buzon ou Jean Désiré Bascoules, de grands colons comme Lucien Borgeaud, des chevaliers d’industrie comme le peintre Louis Billiard ou un amateur comme Laurent Schiaffino5. Parmi eux, le célèbre Frédéric Lung dut sa renommée non seulement à l’intérêt qu’il porta très tôt aux peintres de la villa Abd el-Tif mais aussi à la riche collection d’œuvres modernes et impressionnistes qu’il constitua. Sa veuve léguera quelques pièces au musée des Beaux-Arts d’Alger, notamment le plâtre d’atelier de Charles Despiau, L’Homme prêt à l’action. Tous les anciens pensionnaires de la villa Abd-el-Tif étaient largement représentés soit groupés dans des salles spéciales, soit répartis dans les galeries. Ces représentations permirent aux visiteurs de suivre ainsi l’évolution des principaux artistes originaires d’Alger ou installés depuis longtemps à cette ville6. De 1930 à 1960, trois grandes périodes d’acquisition vont doter le musée d’un fond inestimable. Quelques « locaux » feront également leur entrée au musée à cette période-là : Azouaou Mammeri, Mohammed Racim, Mohamed Temmam, Bachir Yellès (1949), Abdelhalim Hemche.
Dans cette Alger européanisée, le musée des Beaux-Arts fonctionnait comme une institution où les personnes cultivées ne se sentaient point dépaysées, mais son ambiance soumise aux particularismes locaux, permettait aussi de se détacher de la métropole. Le musée était beaucoup plus admiré de l’élite qu’il n’était fréquenté par la foule7. Contrairement aux grands musées de la métropole qui servaient aussi de champ pédagogique pour les élèves des Beaux-Arts, les élèves de l’École des beaux-arts d’Alger se rendaient moins souvent dans les salles de peinture et de sculpture du musée. Cette carence était sans doute due à l’éloignement du musée du centre de la ville8, mais elle explique également que ce musée n’avait peut-être pas les mêmes objectifs que ceux des musées de la métropole.

Le musée des beaux arts à l’indépendance de l’Algérie

Le musée ayant été plastiqué par l’OAS à la veille de l’indépendance, quelque trois cents de ses œuvres sont transférées en avril 1962 à Paris et déposées au musée du Louvre. Jean de Maisonseul, nommé en novembre 1962 conservateur du musée (qui devient musée national des Beaux-Arts d’Alger) au titre de la coopération, à la demande du ministère algérien de l’Éducation nationale, en assure la réouverture en juillet 1963 et mène de longues négociations qui aboutissent en décembre 1968 à la restitution des 157 peintures et 136 dessins – « bien que dès le début André Malraux, alors ministre de la Culture, ait reconnu que ces œuvres appartenaient à l’Algérie », précisera-t-il. Maisonseul, conservateur jusqu’en 1970, entreprend simultanément par sa politique d’acquisition de remédier à la pauvreté du fonds d’art algérien, introduisant notamment au musée des œuvres de Baya, Benanteur, Guermaz, Khadda, Martinez. Un important ensemble d’œuvres d’art contemporain offertes par les États lors de l’accession de l’Algérie à l’indépendance va s’y ajouter.

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